Remerciements à :
Africa trek.com – Alexandre – Sonia Poussin
Sur le site Kenya-Tanzanie.com ainsi que sur ses forums, nous sommes tous des passionnés de nature et de vie sauvage mais aussi d’aventure.
Lorsque j’étais enfant, je suivais passionnément Tintin au gré de ses albums et rêvais déjà de voyages dans des pays lointains.
Aujourd’hui, C’est Alexandre et Sonia Poussin que je suis dans leurs aventures. En effet, ils ont entrepris de remonter l’Afrique à pieds, du cap de Bonne Espérance au lac de Tibériade.
Trois ans et trois mois de marche sur 14000 Kms et 10 pays traversés : l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Mozambique, le Malawi, la Tanzanie, le Kenya, l’Ethiopie, le Soudan, l’Egypte et l’Israël, pour refaire symboliquement le premier voyage du premier homme, de l’australopithèque à l’homme moderne.
Deux livres, où je dirais ici, deux extraordinaires récits de voyages, un très bel album de photos…… et maintenant un DVD retracent cette formidable épopée : AFRICA TREK
Didier : Alexandre, bonjour et merci de nous accorder cette interview, si vous le voulez bien nous allons marcher à vos côtés quelques instants.
Alexandre Poussin : Pas de problèmes, je ne marche jamais seul !
Didier : Alexandre, cela représente quoi pour vous le voyage ?
Alexandre Poussin : C’est 10% de notre vie active, c’est donc beaucoup de choses à la fois, un voyage de noce, une retraite de notre monde, une quête de l’autre monde, un pèlerinage, une ascèse, un exploit sportif, un record du monde, une aventure de couple, donc de l’amour, une inversion des rapports avec l’Afrique, une grande enquête journalistique…
… 300 heures d’images, 14000 diapos, 1200 familles rencontrées, donc beaucoup, beaucoup de travail, sans parler des kilomètres, mais finalement c’était plus reposant de marcher.
Didier : Vous êtes plutôt Tintin ou plutôt Corto Maltese ?
Alexandre Poussin : Les deux, sans le côté sulfureux de Corto Maltese. Et puis nous sommes bien réels alors qu’eux sont inventés. S’il fallait choisir, je serais plutôt Tintin, mais
un tintin qui aurait considérablement évolué depuis Tintin au Congo.
Didier : Parlons à présent, de votre dernière aventure, AFRICA TREK. Comment vous est venu l’idée de ce périple extraordinaire qui vous a mené avec Sonia du Cap en Afrique du Sud à Tibériade en Israël ?
Alexandre Poussin : C’était une réflexion sur la nature humaine, et nos origines. Qui sommes-nous ? D’où venons nous ? Où allons nous ? Comment abordons-nous le 3e millénaire ?
Nous voulions l’aborder en marchant, c’est pour ça que nous sommes partis le premier jour du 3e millénaire. Et prendre le temps de se poser la question.
Quoi de mieux pour cela que d’arpenter le berceau de l’humanité, le Grand Rift ? Et de poser la question à des scientifiques, c’est pour cela que notre marche s’appelle « dans les pas de l’Homme », mais quel Homme ?
Didier : La partie logistique doit être colossale non ? Vous a-t-on aidé ou soutenu ?
Alexandre Poussin : Aucune logistique, aucun soutien si ce n’est celui des populations rencontrées. Africa Trek, c’est un sac de sept kilos sur le dos et ne jamais savoir où l’on va dormir le soir, ni entre les mains de qui. Pas de sponsors donc, pas de logistique, si ce n’est peut être la Providence ! C’est-à-dire des types vachement hauts placés, avec des petites ailes dans le dos si vous voyez ce que je veux dire.
Didier : A pied, c’est pour mieux voir les gens ?
Alexandre Poussin :C’est pour enfin parcourir ce continent à un autre rythme, à hauteur d’homme. Inverser la relation que le blanc a au noir. Etre enfin le pauvre, le faible, le demandeur, et non pas l’inverse.
Didier : Rencontrer, échanger, apprendre des autres, c’est essentiel dans le voyage ?
Alexandre Poussin : C’est sûr que nous ne voyageons pas pour notre nombril, pour notre ego, pour fuir l’occident, pour parasiter les pauvres, nous voyageons pour prendre le pouls du monde, pour mieux le comprendre, pour mieux l’aimer.
Didier : Quelle fut la rencontre la plus inoubliable ?
Alexandre Poussin : Désolé, Joker. Elles sont toutes inoubliables, et nous n’en avons oublié aucune, donc difficile de les hiérarchiser.
Didier : Si vous ne deviez garder qu’une image de ces trois années de pérégrination ?
Alexandre Poussin : L’arrivée au Lac de Tibériade, ou au sommet du mont des Béatitudes, ou au sommet du Kili , ou au sommet de la grande pyramide de Khéops ? Ou l’hospitalité au Soudan, ou notre débouché sur la mer de Jade au Kenya après 13 jours d’enfer, ou l’arrivée au sommet du Lengaï en Tanzanie, ou , ou , ou…
Didier : Avez-vous eu peur ? Et si oui de quoi ? Des conflits, des bandits de grands chemins des guerres tribales comme au Kenya ou encore des animaux sauvages ?
Alexandre Poussin : Finalement le danger est plus venu des animaux que des hommes. Même si on avait peur du contraire avant de partir. Nous avons eu droit à tout : charge de rhinos blancs, d’éléphants, nous avons du charger nous même à pieds, neuf lions. des scorpions en pagaille, des serpents idem, et là la grande faucheuse vous frôle. Et le moustique pardi. Deux fois le palud. Dont un cérébral pour moi.
Mais malgré tout l’Afrique a été bonne avec nous : pas de bilharziose, pas d’amibes (juste une dysenterie carabinée qui m’a fait perdre sept kilos en sept jours), pas d’onchocercose, pas de leishmaniose et autres saloperies. Et quant aux hommes, nous n’avons jamais été attaqués ou embêtés, ou victime de prédation. Il n’y a qu’en Ethiopie que cela se soit très mal passé. Jets de pierres incessants, on nous chassait des villages à coups de bâtons et d’insultes raciales. Ils ne voulaient pas nous voir marcher dans leurs campagnes. En ville ça se passait mieux.
Ce qui est un paradoxe, car les villes sont plus dangereuses que les campagnes en règle générale. Un conseil, allez en Ethiopie, mais n’allez pas y marcher sans faire appel à un voyagiste qui vous fera marcher sur un tour organisé, et sur lequel vous serez protégés.
Didier : je crois savoir que la cause des éléphants vous a interpellés lors de votre étape au Kenya, surtout les problèmes ou plutôt les conflits avec la population liés à leur habitat ?
Alexandre Poussin : C’est un problème qui a de l’avenir ! Dès qu’il y a interaction entre les hommes et les animaux, ce sont les animaux qui y perdent. Et avec la pauvreté orchestrée par les dictateurs les gens ont faim et c’est difficile de les blâmer de braconner. Pour le commerce de viande de brousse à destination des villes, je serai en revanche intraitable.
C’est d’ailleurs la politique du Kenya, mise en place grâce à Richard Leakey, et nous lui devons tous la survie de la faune kenyane.
Didier : Le Sida, l’Afrique paye un lourd tribut à cette maladie, avez-vous perçu une amélioration ou un quelconque espoir pour ce continent ?
Alexandre Poussin : Il n’y aura de changement que lorsque les africains changeront leurs pratiques sexuelles. Tout l’argent du monde n’y fera rien. Il ne fait qu’aggraver les choses, et le nombre de contaminés, que l’on maintient en vie peut-être, mais qui en contaminent d’autres. Il n’y a pas de rémission. On est jamais soigné du Sida. Il faut informer, informer, informer, et renforcer les droits de la Femme, et le pouvoir du non à la relation sexuelle non désirée.
Didier : N’est il pas dur de revenir en France après trois années passées sur les routes Africaines et de changer radicalement votre mode de vie ?
Alexandre Poussin : La vie c’est le changement. J’adore passer d’un monde à l’autre.
Didier : De tous ces pays traversés tels des pèlerins avec vos bâtons de marche, dans lequel ou lesquels vous aimeriez revenir ?
Alexandre Poussin : Devinez ! La Tanzanie. C’est là que nous y avons ressenti le plus de paix sociale, de paix dans les coeurs, pas de complexe pro-anti-post-colonial, ni de tensions inter-tribales, ni que le régime était une dictature, et puis les gens sont plus accueillants, dignes, pas mendiants, sans parler de la nature et des grands espaces.
Didier : Nous sommes sur Kenya-Tanzanie.com, auriez vous un message à délivrer aux internautes ainsi qu’aux membres actifs des forums concernant ces deux pays qui nous sont chers ?
Alexandre Poussin : Allez en Tanzanie, mais de grâce, n’y apportez pas de T-shirt, de stylos, de casquettes… Essayer de ne pas payer vos photos. Ni de les voler.
De toutes façons vous serez frustrés car elles seront moins bonnes que toutes celles que vous aurez vues dans les magazines, alors regardez ces pays avec vos yeux et non pas derrière l’oeilleton de vos appareils. Essayez de faire de votre échange avec l’Autre, autre chose qu’un échange marchand, même si la seule chose qu’il attend de vous c’est quelques dollars.
Essayer de voir moins, mais de voir mieux, de prendre le temps. De laisser un bon souvenir de votre passage. D’y laisser de l’amour et d’un peu de votre coeur. Pour y revenir, et revenir encore.
Didier : Pour finir, Le safari qui signifie voyage en Swahili qu’en pensez vous ?
Alexandre Poussin : Cela fait vivre 50 % de kenyans. Donc c’est bien. Et c’est plutôt bien géré et organisé.
Alexandre Poussin merci, mes amitiés à Sonia, et je, non !! Nous vous disons tous à bientôt pour de nouvelles aventures. Quant à moi, je retourne visionner votre DVD.
Retrouvez Alexandre et Sonia Poussin sur leur site africa trek.com
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Et comme dirait Alexandre Poussin : « AFRICALEMENT ».
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